Cacao, Guyane.

En écrivant cet article, je veux vous faire découvrir mon endroit préféré de Guyane : le village de Cacao.

J’ai eu la chance de vivre une semaine en caserne avec les pompiers de ce village, ce qui m’a permis de découvrir leur travail et leur tradition.

L’origine de Cacao

Le site de Cacao fut tout d’abord occupé par une plantation dite « habitation de Sainte-Marie des cacaos » qui fut fractionnée par la suite. L’administration pénitentiaire s’y installa (bagne de Sainte-Marie) puis racheta l’habitation voisine « Eléonore » et y implanta le bagne de Saint-Augustin en 1854, laissé à l’abandon dès 1859 à cause d’épidémies comme la fièvre jaune.

Les restes du bagne de Cacao. (Pas toujours évident de prendre une photo sous une pluie tropicale !)

L’arrivée de la communauté Hmongs

En septembre 1977, le site qui appartenait alors à l’État fut mis à la disposition d’une communauté d’agriculteurs Hmongs, originaires du Laos et réfugiés en Thaïlande. Environ 500 personnes furent ainsi transportées jusqu’à Cacao dans des camions militaires bâchés et hébergées dans des baraquements prêtés par l’armée (un deuxième groupe fut implanté un an plus tard à Javouhey dans la commune de Mana).

Les familles furent sélectionnées en Thaïlande par un oblat de Marie-Immaculée, le Père Yves Bertrais (1921-2007) ; les candidats volontaires retenus furent ceux qui décidèrent de vivre de l’agriculture. Une sélection de groupes de plusieurs familles rassemblant trois générations successives fut établie, à l’instar des villages traditionnels laotiens.

Cette installation fut facilitée par la création d’une association locale pour le développement du site de Cacao (ADESCA), fondée par l’épouse de Claude Ho-A-Chuck, à l’époque maire de Roura et président du conseil général de la Guyane. Deux oblats de Marie-Immaculée, les Pères Charrier et Brix qui parlaient la langue hmong, prirent la direction des opérations pour l’implantation de la communauté sur le terrain.

Les Hmongs se constituèrent alors en quatre équipes : une chargée du débroussaillage, deux de la préparation des abattis, et une dernière de la construction des maisons.

Cacao de nos jours.

Le savoir faire des Hmongs opère aussitôt

L’État concéda les 1 350 hectares du site par bail emphytéotique d’une durée de 99 ans à la coopérative agricole qui fut créée. Seuls 600 hectares exploitables furent défrichés et mis en culture. Sur les 750 hectares restants, 150 furent jugés irrécupérables, tandis que 600 autres se trouvaient en forêt ou présentaient une forte pente rendant toute culture difficile.

En moins de six mois, les Hmongs construisirent leurs propres habitations dans le style traditionnel, une centaine de maisons en bois et sur pilotis, ainsi que cinq bâtiments collectifs (une école, une infirmerie, une salle de réunion, une église et une salle d’exposition). Hormis les planches et les tôles de toiture qui leur furent gracieusement données, la communauté ne reçut aucune autre aide extérieure pour la construction de leur habitat. Grâce à leur ténacité, Cacao est devenu le premier fournisseur de produits maraîchers en Guyane, ainsi qu’un grand site touristique.

En décembre 1977 est né le premier enfant Mhong en Guyane, Jean YA SAI PO, l’actuel chef de centre de la caserne de Cacao.

Jean (à droite) devant les cultures de Thierry (à gauche) agriculteur et pompier volontaire.

Je remercie Jean de m’avoir accueilli dans son équipe et de m’avoir fait découvrir tous les secrets de ce magnifique village, ainsi que tous les Hmongs pour m’avoir accepté dans leur communauté. Mon seul regret est de ne pas avoir pu célébrer le nouvel an Hmong de 2020 à cause d’un certain virus… Mais Il a eu lieu cette année en novembre.

Voir le reportage de Guyane la 1ere ICI

Pour le festival Errances Photographiques qui aura lieu l’été 2022 à Nontron (Dordogne) et aura pour thèmes « Objectif Terre ! », j’ai choisi de présenter au jury mon reportage consacré à Cacao. Retrouvez mes 10 photos dans la galerie suivante :